J’espère que vous me pardonnerez d’avoir tardé si longtemps d’accomplir votre désir et de vous envoyer cette breedervoerige groetenisse que vous m’avez demandeé dans la lettre que vous avez eu la grande bonté de m’adresser il y a presque maintenant trois mois. Il est vrai que c’est une grande négligence de ma part, mais, croyez moi, ce n’est pas du tout par mauvaise volonté. Nous étions alors au milieu des compositions puis le peu de nouvelles que j’avais à vous annoncer et la nouvelle année qui venait après cela tout a contribué à me faire oublier cet important devoir que j’avais à accomplir envers vous. Je me suis cependant décidé à ne plus attendre davantage quoiqu’il y ait encore pénurie de nouvelles actuellement. En réponse à votre lettre je puis vous dire que j’ai fait de mon côté tout mon possible pour vous aider de mes prières lors de votre élévation à la dignité de diacre, je n’ai pas manqué non plus de demander pour vous des prières à ceux auxquels vous aviez eu la complaisance de me l’enjoindre; ils m’ont tous répondu qu’ils feraient de leur mieux et je ne doute pas que nos prières ne vous aient été d’un grand secours dans cette importante action. Nous avons eu hier la proclamation habituelle du mois. Monsieur le Vicaire Général récemment nommé (Mr Broutyn) nous a fait l’honneur d’y assister, nous lui avons adressé nos félicitations par l’organe de p2Mr Dambre primus de la philosophie[2] après quoi il nous a lui-même adressé quelques paroles de remerciment et nous a donné deux jours de prolongement des vacances de Pâques ce qui joint à ces trois jours accordés par Mr Le Supérieur commence à former un prolongement notable qui a été accueilli avec des applaudissements frénétiques de la part des élèves car nous pouvons déjà commencer à aspirer aux vacances, ils s’approchent à grands pas et de plus nous pouvons nous flatter de voir à la maison quelques uns de ces beaux jours du mois de Mai que nous n’y avons pas vu
depuis bien longtemps.
Je me rappelle que dans votre lettre vous vous êtes informé de ma santé je puis vous annoncer Grace à Dieu! qu’elle est toujours parfaitement bonne et qu’elle se prête assez aisément à soutenir les fatigues de l’étude, le carême ne me fera pas beaucoup de tort parce que je ne suis pas encore astreint au jeûne, mais cependant cela ne durera plus très longtemps car déjà cette année j’ai du
tirer au sort (Le sort m’a été favorable).
Pour ce qui est de la poésie, il n’y a aucun danger que je m’y adonnerai avec trop d’ardeur car je sens que je ne suis pas né poëte, cependant je ne reste pas tout à fait en arrière pour cette branche car j’ai eu hier encore la 4e place dans la proclamation en vers latins. Nous sommes tous très contents que nous n’aurons plus désormais de vers à faire, ce sera avec de la prose que nous nous occuperons dans la suite a dit Mr Castel.
Il est peut être une nouvelle que vous ne connaissez pas encore et qu’il conviendrait que je vous mentionne: c’est que nous avons eu à déplorer la semaine passée la mort d’un de nos condisciples, élève de Philosophie Mr Blomme venu du Collège de Courtray. (il est décédé à Nevele dans sa maison natale)
Je finis, cher ami, en vous priant de vous souvenir parfois de moi dans vos prières c’est un devoir auquel je ne manque jamais moi-même envers mes amis car cette assistance mutuelle que nous nous rendons les uns aux autres est certainement d’un p3grand secours pour moi afin que je puisse dignement suivre la route que votre exemple trace devant moi et afin que vous aussi vous puissiez continuer avec courage et constance dans ce divin sentier, et que nous puissions de la sorte nous rejoindre ensemble dans le royaume des cieux, nous prierons surtout ensemble la très sainte vierge notre mère commune.
N.B. Recevez les compliments de Mr Schramme et de Mr Crombleholme qu’ils m’ont chargé de vous faire.
S’il arrivait Mr l’Abbé que vous daigniez encore m’honorer d’une de vos agréables lettres, souffrez que je vous demande de vouloir m’obliger à tel point de me charger de présenter vos respectueux respects à un certain Monsieur (fou de Bruges que je vous ai déjà nommé dans ma lettre) afin que je n’encourre plus dans la suite le risque d’être grondé par ce respectable Brugeois. Dernièrement ayant appris que j’avais reçu de vos nouvelles, aussitôt il m’accoste d’un ton d’important: vous êtes en défaut, me dit-il, Je réponds: Excusez Monsieur, en quoi donc? Vous ne m’avez pas fait les compliments de Mr L’Abbé ….. replique-t-il. Je lui dis ensuite avec assurance: On ne m’en a point chargé et son petit ton de prétention cessa aussitôt. Je pense qu’il n’est pas nécessaire de répéter encore son nom, je vous dirai cependant qu’il se constitue de quatre consonnes qui précèdent[3] un jambon.
Veuillez, je vous prie faire mes compliments à Messieurs Lievens[4] Serruys, Bostyn etc.
Omnia prospera Vale!!!!![5]