Vous serez peut-être étonné de ce que je ne suis pas venue vous voir pendant les vacances, mais je vous prie de croire que cela n’a pas tenu à moi: j’ai été deux fois chez vous et jamais la servante n’a été assez gentille pour me dire quand je pourrais vous trouver, je crois même qu’elle ne veut pas se charger de vous le demander pour moi. Je suis très triste de cela, car vous ne sauriez croire combien je désirais vous parler; non pas que j’ai de grands secrets à raconter, mais enfin il faut que je vous dise que, depuis bientôt trois mois que je suis ici, je n’ai pas encore trouvé p2de directeur, je pense que maintenant j’aurai quelqu’un qui me va, j’irai à confesse chez Mr le curé, jusqu’à présent je ne savais pas bien le faire, mais maintenant tous les obstacles sont enlevés. Je suis toujours également contente ici, mais ce qui me fait le plus de plaisir, c’est que j’ai si souvent l’occasion de voir Louise B., celle que vous appelez: me beste matje. Avec elle je parle de tous ceux que j’aime: de papa et de maman, de mes soeurs[1] d’Edouard[2] de vous, etc. Edouard a dit de venir me voir, et tout en me disant que cette promesse n’a rien de sérieux je désire tant cette visite que j’espère contre toute espérance. Voilà quelque chose que je n’aurais pas dû dire peut-être, mais je crois qu’à vous je puis tout p3dire.
Très-digne Monsieur, j’aime à croire que votre santé va en améliorant, je prie tous les jours pour vous, et j’espère que le bon Dieu exaucera les prières de celle qui se nomme avec bonheur,