Je vous adresse franco par chemin de fer un exemplaire de tout ce qui est imprimé de mon glossaire, vous laissant juge s'il mérite oui ou non que vous vous en occupiez dans votre superbe Loquela. Vous recevrez avant quinze jours la fin.
Une seule personne jusqu'ici a critiqué le plan que j'ai suivi et m'a déjà dit tant de mal de mon œuvre, que j'ai été cent fois sur le point de la jeter au feu.
Mon but a été de fournir des matèriaux aux lexicographes et de faire œuvre utile aux archivistes et aux archéologues. Peut-on réellement prétendre que je sois sorti de mon cadre? Est-il vrai que mon travail traîne dans d'interminables longueurs? Enfin la valeur elle-même de l'ouvrage - l'Invent. des arch. de Br., de M. Gilliodts - auquel mon glossaire doit servir de complément, n'excuse et n'explique-t-elle pas l'extension que j'ai été amené à donner à mon glossaire?
Heureusement, j'ai reçu de précieux encouragements de la part de M.M. De Vries, de l'université de Leyden, et De Bo. Ce sont leurs paroles qui m'ont soutenu.
La matière est vaste, je n'ai pas besoin de vous le dire. Ce que j'ai fait, c'est à peine une goutte d'eau dans la mer. Or, j'espérais pouvoir continuer mes études. Mais les circonstances me sont contraires, et le jour est proche où je devrai abandonner mes recherches. Depuis des mois, mon imprimerie ne vit que de ma propre copie: c'est vous dire que bientôt je me trouverai dans la dure nécessité de fermer mon imprimerie et d'aller à la recherche d'une position nouvelle. A 42 ans!
Dites-moi S.V.P. ce que vous pensez de mon travail. Pourra-t-il me faire quelque honneur et sera-t-il utile? En approuvez-vous le plan et toute la contexture?
Excusez si j'écris en français A ma honte je dois avouer que je me manie le flamand que difficilement. Mais cela ne durera pas, je vous le promets. Je me défie quand j'écris aux maîtres dans l'art.