J'ai reçu ces jours passés la première feuille de "Ons Oud Vlaemsch"[2] et m'empresse de vous prier de me compter au nombre de vos souscripteurs.
Peu habile à m'exprimer en flamand - comme j’eusse désiré le faire ici - et plus habitué a des recherches d'érudition historiques qu' à me servir de notre cher vieil idiôme, je suis réduit a vous envoyer en français mon adhésion qui perdra necessairement à vos yeux de sa valeur en même temps qu'aux miens elle perd de sa force.p2Hélas! il n'est que temps de recueillir les derniers vestiges de notre ancienne langue, de nos coutumes, de nos mœurs. Chaque jour en fait disparaître un lambeau. La génération qui nous suivra, oublieuse de ses ancêtres, acceptera sans protestation la langue quasi étrangère qui s'est implantée sur notre sol et bientôt personne, plus personne chez nous, ne saura déchiffrer nos vieux diplomes nos chartes communales; etc.. lire et comprendre nos historiens et nos poètes J'ai le cœur gros en songeant à cet avenir prochain, à l'idée de penser que nous serons desormais regardés comme un peuple sans histoires, comme une population appelée à la vie politique par la déclaration des droits de l'homme et du citoyens,;!! Mais, à quoi bon récri-p3miner[3] Monsieur l'abbé, soyons au présent et tirons en le parti le meilleur ou le moins mauvais possible. Colligite fragmenta ne pereant[4] a-t on dit en excellement ailleurs. Que cet axiome soit l'une des devises de la rédaction de ons oud vlaemsch. C'est un vœu que formule ici avec la certitude de le voir se réaliser un Français, flamand par son cœur, et a demi belge par son origine, un Français qui vous offre Monsieur l'abbé l'expression de sa respectueuse estime et l'assurance de son dévouement affectueux
(arrière petit fils de Jean-Jacques Yves Segers seigneur de Schothoucke, dernier lieutenant bailli des ville et châtellenie de Courtrai)