Au point de terminer l’année 1855 et d’en commencer une nouvelle je sens le besoin de vous réitérer les sentiments qui m’animent envers vous. Plus heureux l’année dernière j’avais l’occasion de vous exprimer de vive voix et en personne les mêmes sentiments car quoique éloigné de vous mon affection et mon respect vous sont acquis pour toujours. Oui toujours ce sera avec bonheur que je me rappellerais ces instants durant lesquels vous vouliez bien me guider de vos conseils et durant lesquels par les entretiens utiles et agréables nous nous amusions. hélas, ce temps a été court et je suis heureux que la nouvelle année me fournisse l’occasion de vous répéter ces choses et de me retrouver pour quelques instants en esprit auprès de vous. Bonne année donc Monsieur que cette année qui va s’ouvrir soit semée de roses sans épines. Puissiez-vous y trouver l’accomplissement de tous vos désirs la bénédiction de toutes vos entreprises. C’est là mon plus vif désir, ce sera l’objet de mes prières
Car c’est surtout en me souvenant de vous devant Dieu que je tacherai de vous prouver ma reconnaissance. Maintenant monsieur je vais vous donner quelques détails sur certaines fêtes de collège que nous avons eu la veille du jour de la Toussaint nous avons eu la visite du P. De Damas, aumonier de l’armée d’orient. il nous a parlé assez longuement. c’est un homme grandeur ordinaire il porte la barbe, les moustaches et il es chauve. il ressemble parfaitement à Monsieur Pavot, agent d’affaires à Bruges. Le P. De Damas a au bas de sa ceinture deux grandes franges vertes et à son cou est attaché une croix d’argent retenue par un cordon vert. il porte le chapeau rond mais entouré d’une corde verte et de deux petites franges de la même couleur. le soir, à 4 ½ h., le P. De Damas faisait un salut des plus solemnels p2il y avait 6 encensoirs en argent et, comme on manoeuvre ces encensoirs ici tout autrement qu’en flandre, c’était d’un effet admirable; Le 9 Novembre nous avons été voir un beau panorama et le célèbre Tom Pouce, car il faut savoir qu c’est durant le mois de Novembre la foire de Liège. le 27 nous avons été au cirque mais le 18 nous avons eu la retraite. Je vais vous en dire un mot, car c’est tout différent de ce que j’ai jamais vu de pareil. On se leve à l’heure accoutumé. Prière du matin, lecture spirituelle comme de coutume, puis Etude jusqu’à 7 heures; à 7 h Déjeuner; à 7 ½ Messe - sermon à 9 h. Classe jusqu’à 10 h. à 10 h. Récréation; à 10 ½ h. sermon, à 11 ½ h. Etude, a 12 ½ Diner à 2 h. Classe, à 3 h. salut sermon, puis à 5 h. Etude comme de coutume. Le jour de la cloture, qui était le 22, nous avons eu la visite de Monseigneur. Il est venu dire la Messe de communion et a prêché.
Toute la journée on s’est amusé à se promener mais voici, un congé d’un tout nouveau genre qu’on a accordé le 18 Décembre. A peine entré en classe le portier est venu nous annoncer qu’il y avait congé. Nous nous sommes mis en marche, les patins sous le bras à travers la ville vers un chateau situé à trois quarts de lieues de la ville; on y a patiné jusqu’à une heure alors on est entré dans une auberge qui se trouvait là tout prêt et nous y avons trouvé des gateaux et des tartines avec du chocolat; ensuite on a continué à s’amuser là jusqu’au moment du départ c’est à dire jusqu’à deux heures. Alors on s’est rendu au collège on nous attendait à 3 heures et ¼ un excellent diner.
Voilà comment on tache de s’amuser ici. Je vous ai raconté toutes les petites fetes dont je me rappelle J’espère que vous voudrez bien répondre à cette petite lettre et m’écrire quelques mots aussi Je ne doute pas que ce soient vos occupations multipliées qui vous aient empéché de répondre à ma première lettre du 28 Novembre[2]
Pardonnez s’il vous plait monsieur, ma mauvaise écriture.
P.S. Comment vont les deux volumes perdues s’il vous plait Monsieur? Mon adresse est Un Tel… aux collège Saint-Servais à Liège