Un membre de ma famille vint de découvrir[1] dans de vieux papiers non classés l'original d'une poésie flamande du milieu du XVIIe siècle, qui a pour moi un interêt tout local et tout familial. Mes très-faibles connaissances de la langue flamande ne me permettent pas de juger, en connaissance de cause, de son mérite littéraire. Cette poésie, dont je joins ici la copie, a été composée dans les circonstances suivantes. Une de mes arrière-grandes-tantes, Madame Gilles Ellebout, veuve fort jeune, avait une fille,p2qui, tout enfant, perdit la vue. Elle invoqua avec tant de confiance et de persévérance une statuette de Notre-Dame de Foy, qu'elle possédait, que la vierge daigna guérir miraculeusement son enfant. La statue se vit rapidement entourée dans la maison même de l'heureuse mère d'un culte presque public; alors le clergé fit à Me Ellebout l'obligation de confier à l'église paroissiale l'image miraculeuse, afin qu'elle put y[2] recevoir les prières et les supplications de toute la cité. On alla donc en grande pompe prendre dans la maison de notre tante, qui existe encore, la statue miraculeuse.
A cette occasion un de ses neveux, Mr François Craye, qui faisait partie d'unep3de nos sociétés de rhétorique composa le petit poème retrouvé il y a quelques jours. L'auteur ne donne aucune indication sur le fait miraculeux lui-même, mais une note écrite de la main de sa fille et jointe à l'original en donne la narration fort succincte.
Serait-ce trop vous demander que de vous prier de vouloir bien, soit par vous-même, soit par un de vos confrères de l'Académie, donner au Comité flamand une traduction libre en vers ou en prose de cette petite pièce. Vous n'ignorez pas que, par suite des exigences de notre situation politique et de l'absence de tout enseignement flamand, beaucoup d'entre les membres de notre société ne peuvent goûter les délicatesses et les charmes de nos veilles poésies nationales et ne peuventp4les connaître que par une traduction.
Le Comité flamand se réunira du 14 au 21 novembre à Hazebrouck, je suis chargé par le bureau de vous priier d'honorer de votre présence cette séance, qui, tenue au chef-lieu de l'arrondissement, aura plus d'importance et serait encore rehaussée par cette marque de symaphie d'un membre de l'Académie. Dès que la date de la réunion sera fixée, je me ferai un devoir de vous en avertir. Puis-je espérer que vous voudrez bien nous lire la petite poésie dont je vous ai parlé ainsi que sa traduction, qui la ferait connaître de ceux de nos confrères à qui notre langue n'est pas assez familière. Je serais bien heureux de voir l'oeuvre d'un de mes parents appréciée et traduite par l'un des maîtres actuels de la littérature flamande;