Un des plus vigoureux esprits de ce temps, un des plus solides défenseurs de l'Eglise, nous disait il y a quelques jours : “Si je pouvais rajeunir, si je retrouvais la verve de la vingtième ou même celle de la trentième année, je voudrais donner une autre pente à mon esprit, un autre emploi à mes loisirs. J'écrirais... - Eh! que pourriez vous écrire qui serve plus efficacement les intérets de la vérité?
– J'écrirais pour le peuple une série de petits poëmes, tranchons le mot, de petites épopées à l'usage de toutes les classes, de tous les métiers, de tous les âges. Je ne les ferais pas longues pour ne pas induire mes auditeurs en baillements; je les voudrais courtes, rapides, substantielles; j'en prendrais le fondement et l'idée dans l'histoire; mes héros seraient des saints, ou les grands hommes dep2l'humanité chrétienne et de la nation française; et j'aurais la grande ambition de faire voler ces chants épiques sur les lèvres du peuple. Voilà ce que je ferais, si j'avais vingt ans.”
Voyez le poëme de Saint François d’Assise par le Comte Anatole de Ségur.
Bien Public, 7. Mars. 1866 p.3 1. col.