Hier le jeune homme[1] dont vous m'aviez parlé, est venu me trouver; d'après ce qu'il m'a semblé le séjour de Thielt lui irait bien, de mon côté je consens à ce qu'il vienne, seulement il m'a dit qu'il serait très-heureux s'il pouvait prendre ses repas, non avec les élèves mais avec nos deux professeurs normalistes qui sont d'excellents jeunes gens et dont l'un fait également ses études latines et se destine au séminaire[2] Mais comme vous le comprenez facilement, tout en fesant un sacrifice, il me serait impossible de l'accepter au prix convenu, car la table de ces messieurs est supérieure à celle des élèves, ainsi par exemple chaque soir ils ont de la viande, le matin du caffé etc. Je crois, si vous parliez une fois à Mr Robinson son p2protecteur[3] qu'il comprendrait facilement que cette position qu'aurait ce jeune homme serait plus en rapport avec celle qu'il a occupée dans les collèges où il s'est trouvé en qualité de professeur[4] c'est ce qu'il m'a dit lui-même.
Quant à moi je crois que c'est là réellement la place qu'il devrait occuper;
maintenant pour ce qui est de la pension à payer, vous savez que la pension pour nos élèves est de 375 frs par an, non compris certains frais accessoires; je comprends parfaitement qu'il y a des raisons tout-à-fait exceptionnelles qui parlent en faveur de Mr Michel, c'est pourquoi je veux faire un sacrifice et suis prêt à l'accepter à raison de 425 frs tous frais compris; il sera assimilé aux professeurs normalistes et en outre je lui procurerai toute la fourniture du lit, tels que matelas, couvertures, draps etc.
Je suis convaincu, Monsieur! que M. Robinsonp3trouvera les conditions fort acceptables, désirant moi-même procurer au jeune homme le moyen d'achever ses humanités.