Si indiscrete que puisse être ma petite lettre en venant vous surprendre au milieu de la grande et mémorable journée de demain[2] à l’ aurore de la fête que l’ on s’apprête a offrir au savant philologue au poète distingué dont s’ honore notre Flandre, laissez moi vous décrire le petit scel[3] que vous m’ avez remis hier.
Il provient d’un couvent de Franciscains (Capucins ou Recollets de Tourcoing et était à l‘usage du père gardien de la communauté: la Légende[4] Sigillum guardiani[5] tourcoingensis, nous l’apprend surabondamment[6] Quant a la scène qui se trouve gravée à l’ interieur du cachet[7] elle représente un Saint (Saint François) d’Assise à genoux devant la Vierge couronnée et lui offrant un tige de lys fleurie l’écusson[8] qui surmonte cette scene contient un crucifix. Il est placé entre deux verres carrés qui doiventp2être des palmes et qui sont croisées à la base. La couronne qui surmonte l’écusson me parait être, soit un souvenir de la royauté du Saint Sauveur, soit peut être une allusion à la famille des ducs d’Havré (de la maison de Croy)[9] seigneurs temporels de Tourcoing. Puisque j’ai l’occasion de vous adresser ce billet, laissez moi cher Monsieur l’abbé, savant et si sympathique confrère, joindre mes modestes hommages[10] mes humbles et infinies félicitations à celles que vous recevrez demain[11] Je ne suis rien par moi même mais un zéro placé à la droite d’un autre chiffre acquiert une valeur considerable par ce voisinage, sans cependant avoir le désir d’ en tirer vanité. Ce cas est le mien et si je viens vous presenter aussi tardivement mon petit tribut, c’est que je n’ai su qu’après vous avoir quitté la manifestation dont vous allez être l’objet.